Situé sur le plateau de Saclay, dans le quartier de Moulon à Gif-sur-Yvette, le Centre Teilhard de Chardin constitue un lieu de rencontre de tous les savoirs. L’imposant édifice, de teinte foncée et aux traits épurés, porte la signature habile de l’agence Duthilleul.
Par Sipane Hoh
Un emplacement stratégique, un programme conséquent pour un projet marquant. Sur les terres de l’instruction qu’est devenu le plateau de Saclay, s’élève aujourd’hui un lieu singulier : le Centre Teilhard de Chardin. C’est un projet qui entame le dialogue entre sciences, philosophie et spiritualité. L’ensemble, pensé comme une « maison commune », est l’œuvre de l’agence Duthilleul qui, depuis sa création, prône une démarche prospective, créative et inventive de l’architecture, de l’urbanisme et du design.
Le Centre Teilhard de Chardin prend place à la jonction du quartier d'habitation et des grands programmes d'enseignement supérieur et à 700 mètres de la future ligne 18 du métro du Grand Paris Express. Il s’agit d’un édifice de 1.600 m² constitué de plusieurs espaces d’accueil, de formation et d’exposition avec, en son cœur, une chapelle de cent vingt places. Deux maisonnées pour une douzaine d’étudiants, ainsi qu’un appartement pour l’équipe d’animation résidente, complète le programme.
L’architecture du lieu est significative. Conçu pour offrir aux femmes et aux hommes venant du monde entier des espaces pour le prévu, comme pour l'imprévu, l’ensemble se développe autour d'un grand foyer vertical se croisant une multitude d’espaces de tailles et de fonctions différentes comme des salles de cours, de conférences ou encore de coworking, qui se connectent entre eux à travers des escaliers et des mezzanines. Chaque emplacement, chaque entité, mais aussi chaque atmosphère est unique. Précédé d’un café, dès l’entrée, chaque interstice offre divers lieux pour se rencontrer, s’asseoir et discuter.
L’édifice se démarque par sa construction en bois. En effet, ce dernier enveloppe la totalité du bâtiment. Selon une technique japonaise appelée « Shou Sugi Ban », le bois a été brûlé en surface pour mieux résister à l'eau, aux insectes et à l'usure du temps. L’ensemble, qui apparaît en première lecture tout noir, se révèle être un véritable écrin aux multiples chatoiements, donnant un effet dynamique et lumineux à ce lieu si particulier. Outre le bois brûlé, nous pouvons remarquer la présence du bois Douglas qui vient enrichir par sa teinte claire et rose les planches de bois posées devant les parties vitrées des façades pour arrêter le soleil d’été et laisser rentrer le soleil d’hiver. Le Douglas est un matériau imputrescible qui deviendra gris argent avec le temps, créant ainsi un beau dialogue avec la teinte du bois brûlé. Rappelons qu’à l’intérieur du bâtiment, le bois est utilisé en structure. En effet, tous les poteaux ainsi que toutes les poutres soutenant les planchers sont en bois massif ou en lamellé collé (BLC). Même chose concernant les planchers qui sont en CLT. Cependant, dans cet univers où le bois est à l’honneur, un grand volume en terre fait son apparition. Il s'agit de la chapelle qui se trouve au sein d’un cône elliptique construit en pan de bois avec remplissage en mélange chaux-chanvre qui joue un important rôle d’isolant. L’ensemble est revêtu de terre argileuse vendéenne, lui donnant non seulement sa teinte ocre rouge, mais lui procurant une très grande inertie thermique. C’est un lieu ouvert à tous les habitants, destiné à accueillir des cérémonies que ce soit pour les étudiants ou pour les chercheurs.
Le Centre Teilhard de Chardin est un édifice particulier porté conjointement par quatre diocèses d’Île-de-France (Évry-Corbeil-Essonnes, Paris, Nanterre, Versailles) et la Compagnie de Jésus (Province Jésuite d’Europe Occidentale Francophone). Conçu et composé avec le plus grand tact par l’agence Duthilleul, l’ensemble à l’architecture soignée constitue un hommage aux matériaux naturels.
Toutes les photos : © Didier Boy de la Tour