Ce mois-ci, nous avons rencontré Antoine Mabire, architecte cofondateur de l'agence d'architecture Mabire Reich. Il partage, avec nous, ses divers enseignements.
Quand Antoine Mabire parle d’architecture, il parle de sensations, de visites, de récits mais aussi de techniques et de point de vue. L’architecte cofondateur de l’agence nantaise Mabire Reich partage, avec nous, ses divers enseignements.
Par Sipane Hoh
Antoine Mabire et Marie-Hélène Reich © Paul Chabot
Dans l’agence qu’il dirige avec Marie-Hélène Reich, Antoine Mabire nous raconte son parcours. « Nous sommes différents mais complémentaires » dit-il avec sourire. C’est donc de ses découvertes personnelles que parle aujourd’hui l’architecte.
« A l’école d’architecture, il y a des découvertes qui sont très marquantes. On lit beaucoup de livres et on suit les parcours de certains architectes. J’ai toujours été fasciné par Siza et sa manière de capter le paysage. Quand j’ai visité La plage de Leça da Palmeira au nord du Portugal et la Piscine des Marées, l’œuvre de l'architecte Álvaro Siza Vieira construite entre 1961 et 1966, j’ai ressenti la matérialité, le cadrage. On voit le ciel, la matière. C’est une sensation unique. »
En effet, ce lieu touristique est devenu, grâce à son architecte, un lieu de référence architecturale à travers son intégration dans le paysage. « Découvrir l’architecte par le biais des projets visités, c’est complètement différent que d’explorer son parcours à travers les livres. » Antoine Mabire souligne, par ailleurs, que la notion de parcours dans le paysage constitue l’un des incontournables de l’architecture de Mabire-Reich.
La Maison de paysage réalisée par Antoine Mabire et Marie-Hélène Reich est probablement un exemple parmi d’autres où l’agence a mis en application la notion de paysage.
© Guillaume Satre
© Guillaume Satre
Dès le lycée, Antoine Mabire voulait devenir architecte. Il lisait des livres offerts par ses parents et regardait des émissions. Mais rien n’égale, selon lui, les découvertes architecturales des deux premières années de ses études. Il se souvient qu’à l’Ecole d’architecture de Strasbourg, où il a fait ses études, lors d’un atelier maquette, il avait choisi, par défi, de faire la maquette de la Villa Müller. « Personne ne voulait faire cette maquette. Je l’ai faite et j’ai découvert tout le travail de complexité spatiale dans une boîte simple. Cela m’a beaucoup marqué et j’ai souhaité, plus tard, visiter les lieux. Le parcours est tellement riche à l’intérieur et la découverte est encore plus enrichissante. »
Un autre exemple très évocateur pour l’architecte, c’est la Kunsthalle de Bregenz de Zumthor et, dans un autre style, la cathédrale de Royan de Guillaume Gillet et Marc Hébrard, ou encore le couvent de la Tourette de Le Corbusier. Des références de tailles qui ont guidé, petit à petit, l’architecture de l’agence et dont l’architecte, devenu enseignant, fait découvrir à son tour à ses étudiants.
Pour Antoine Mabire, mis à part les divers lieux, l’architecture se forge aussi à travers les rencontres. En effet, à la sortie de l’école d’architecture, l’architecte a travaillé chez Bernard Huet. De même plus tard, une fois son agence fondée, il a travaillé avec Patrick Bouchain. L’architecte avoue qu’il a beaucoup appris. Des apprentissages qui vont au-delà d’un simple travail. Des rencontres joyeuses et positives, comme celle avec Lacaton et Vassal, où l’agence a accompli le suivi de leur chantier. L’homme de l’art nous apprend qu’il aime toujours dessiner, imaginer, masquer des vues, créer des filtres, flairer le lieu. Pour lui, c’est ça aussi l’architecture.
© ArtefactoryLab
© Atelier Pyramid
L’agence Mabire Reich vient de gagner un important projet. Il s’agit de l’extension du Palais de Justice de Nantes, une réalisation signée Jean Nouvel. « C’est un projet qui nous a fait transpirer. Il n’est pas simple ». Mais aujourd’hui, les deux associés sont très satisfaits. L’agence qui, jusque-là, a réalisé des projets divers dont des maisons familiales très caractéristiques et possède une multitude de constructions en cours de réalisation, découvre, à travers le projet de l’extension du Palais de Justice de Nantes, l’univers de la justice, de la sécurité et des normes. Le fait d’intervenir sur un projet, qui fascinait Antoine Mabire étant étudiant, n’est qu’une nouvelle étape vers la réussite.