Elithis Arsenal, un nouvel exemple d’urbanisme durable
Située non loin de la gare dans l’écoquartier de l’Arsenal à Dijon, sur le site de l’ancien établissement du matériel des armées et des anciennes minoteries dijonnaises, la Tour Elithis Arsenal est une réalisation à énergie positive à la fois exemplaire et vertueuse. C’est l’œuvre de l’agence d’architecture Arte Charpentier qui effectue des constructions en France et aussi en Asie. « Ce projet est le résultat d’un travail de recherche et de collaboration avec le groupe Elithis, pour lequel on a œuvré depuis longtemps. On a réalisé leur premier siège social à Dijon. Il s’agissait du premier bâtiment tertiaire à énergie positive en France. Une construction de 5 000 m² avec des plateaux de 500m² qui tourne autour d’un noyau central. » Souligne Antonio Frausto, architecte associé, directeur Architecture chez Arte Charpentier.
Par Sipane Hoh
Soutenue par la ville de Dijon, la communauté d’agglomération du Grand Dijon (Dijon Métropole), ainsi que par la Société Publique Locale Aménagement de l’Agglomération Dijonnaise (SPLAAD), la réalisation commune du groupe Elithis et Arte Charpentier se distingue par son programme de 59 logements en accession dans la Tour et de 51 logements sociaux dans le bâtiment bas. La Tour, reconnaissable de loin, illustre une politique urbaine osée qui met en exergue de nouveaux procédés dans la conception de l’habitat collectif, y compris des préceptes bioclimatiques pour des références à la pointe de nouveauté en matière de développement durable. « Nous sommes dans la ZAC Arsenal où l’urbanisme a été élaboré par l’AUC architectes et urbanistes. Depuis le début nous avons dialogué avec eux mais aussi avec la maîtrise d’ouvrage et tous les acteurs. Nous avons composé le projet avec la tour et le bâtiment social. Les deux entités composent un îlot à énergie positive et non plus un bâtiment à énergie positive. » Souligne Antonio Frausto.
Un exploit architectural et énergétique
Pour permettre cet exploit architectural et aussi énergétique, Arte Charpentier a conçu un édifice qui produit plus d'électricité qu'il n'en consomme. Rappelons que l’ensemble produit 136,9 kWh/an grâce aux panneaux photovoltaïques disposés sur le toit du bâtiment et aussi sous forme d’ombrières au cœur de l’îlot. Les façades de la tour Elithis constituent un condensé de technicité. En effet, les facettes de diamants ont été pensées pour optimiser la production d’énergie. Rappelons que des panneaux photovoltaïques de nouvelle génération s’intègrent ici, dans l’architecture. De même, l’isolation des parois par l’extérieur, le traitement des ponts thermiques ainsi que le choix de menuiseries performantes permettent de réduire les déperditions thermiques et de capter les apports solaires gratuits en hiver. Une bonne perméabilité à l’air permet également de limiter les infiltrations. Par ailleurs, la récupération de chaleur sur l’eau grise des douches permet de diminuer la consommation énergétique. Antonio Frausto précise : « Dans notre geste architectural, nous avons réduit la façade nord au maximum pour éviter les déperditions thermiques. La forme en flèche est due à cette particularité. Il s’agit d’une conception bioclimatique, où nous avons étudié l’ensoleillement et l’emplacement de la tour par rapport à son voisinage. » Un autre élément non négligeable étant le prix de l’opération. « Nous sommes à Dijon dans un marché immobilier locatif qui est différent de celui de Paris ou de Genève. Nous sommes arrivés à réaliser l’ensemble avec un coût de 1 400 euros le m². Aujourd’hui, un jeune actif a des revenus calculés à l’euro près. Notre objectif était d’utiliser notre savoir-faire pour que la facture énergétique des logements soit la moindre possible. »
Les architectes ont étudié avec minutie l’orientation des différentes façades. L’enveloppe est rythmée de panneaux verticaux en aluminium thermolaqué de teinte gris clair. Tandis que les fenêtres des chambres suivent une écriture verticale prononcée par les encadrements en aluminium, les façades situées côté est et ouest incorporent les grandes baies vitrées des séjours et assurent une luminosité abondante. Grâce au module de tôle perforée qui se glisse aléatoirement devant les grandes baies vitrées et les fenêtres des chambres, les façades affichent un certain dynamisme. L’ascenseur panoramique qui se trouve à l’ouest et l’escalier extérieur situé côté est, offrent non seulement une grande luminosité mais aussi une vue traversante depuis le palier commun desservant les logements. Rappelons également que les habitants peuvent contrôler leur consommation et, grâce à une application domotique compatible avec les smartphones, piloter la gestion du chauffage, de l'éclairage, des stores ainsi que des prises électriques. L’objectif étant de rendre les usagers résilients face aux hausses des coûts énergétiques.
Un générateur de vivre-ensemble
De même, les architectes ont privilégié le vivre-ensemble et le confort des usagers. Antonio Frausto nous explique que « le dernier niveau de la tour est un espace partagé. » Ce qui n’est pas toujours le cas. Dans certains programmes, les derniers étages sont des duplexes chics ou des espaces dédiés à quelques privilégiés. « Ici, il s’agit du cœur social de la tour, où prend place, en plus d’une salle de sport, une salle de réunion qui peut se substituer à son tour en salle de sport. Nous pouvons trouver donc deux salles qui donnent sur la terrasse ainsi qu’un un espace semi-ouvert. Le tout au service des habitants avec une vue imprenable sur la route des grands crus. Pour éviter une consommation énergétique accrue, cet espace est sans chauffage. Le toit est constitué de panneaux photovoltaïques et l’espace en-dessous vit au rythme des saisons. C’est un espace ni clos ni chauffé, c’est comme un jardin d’hiver suspendu à cinquante mètres avec une vue sur les environs. » Conclut l’architecte.
Les bureaux d’Elithis sont regroupés dans le socle composé d’un rez-de-chaussée et de deux niveaux. C’est un volume où les façades s’alignent le long de l’avenue Jean Jaurès qui donne directement sur l’espace urbain. Les façades reprennent les mêmes codes que ceux de la Tour. Elles sont composées de grands rectangles d’une hauteur d’un niveau en verre et en aluminium, en alternance sur chaque niveau. Elithis, avec qui Arte Charpentier a travaillé sur plusieurs projets depuis longtemps, et pour qui l’agence construit la première Tour Elithis à Dijon, a décidé d’établir son siège social dans cette partie du socle. Elithis occupe un plateau entier aménagé avec soin par l’équipe d’architecture d’intérieur interne d’Arte Charpentier. C’est une marque de confiance vis-à-vis des architectes, avec qui la société a réussi la réalisation d’un projet à la triple ambition : habiter la ville différemment, rendre accessible à tous l’énergie positive et faire du Grand Dijon une référence en matière de développement durable.
Toutes les photos : © Arte Charpentier