Dans le monde de l’architecture, il est d’usage de nommer une agence du nom de la personne qui l’a fondée. Mais comment faire quand il s’agit d’une bande d’amis architectes, venant de divers horizons, qui ont déjà travaillé ensemble, souhaitant créer leur propre structure ? archi 5 incarne ainsi cette belle exception, une agence au nom générique, capable d’évoluer et qui dure dans le temps.
Par Sipane Hoh
© Sergio Grazia
Au départ ils étaient cinq architectes, au fil du temps, la physionomie de l’agence fondée en 2003 a changé. Aujourd’hui, l’équipe dirigeante est constituée de quatre associés : Anne Pezzoni, Laurent Boudrillet, Jacques Sebbag et Bernard Guillien. Des personnages aux goûts différents, aux méthodes d’approche et de travail diverses mais avec un seul désir : faire de l’architecture. C’est dans les locaux de l’agence, établie au 48 rue Voltaire à Montreuil, qu’archi 5 a trouvé son terrain de jeu et d’expérimentation. Il s’agit, en effet, de la réalisation de l’agence qui a transformé une ancienne usine en agence d’architecture. Soulignons que les architectes ont aussi réalisé l’immeuble qui côtoie l’agence. Un ensemble de logements fait pour les associés et répondant à leurs attentes, un lieu de vie adjacent à leur lieu de travail.
Il s’agit d’un phénomène assez rare qui semble exaucer toutes les aspirations. D’autant plus que les architectes viennent d’étendre l’agence. Ils ont créé un pôle paysage interne ainsi qu’un atelier maquette, deux entités qui les guident vers plus d’autonomie. Néanmoins, ce qui frappe le visiteur d’archi 5 c’est l’ambiance qui y règne. En effet, dans ces lieux généreux couverts par une imposante verrière, entourés d’une végétation insoupçonnée en ville, quarante-cinq personnes travaillent dans un esprit collaboratif qui peut s’associer à des locaux d’un atelier d’architecture. Un univers studieux propice à l’imagination vient agrémenter le quotidien de projets codifiés malgré tout par diverses règlementations. Pourtant, la création architecturale fait partie des idéaux de l’agence qui engendre, depuis vingt ans, des réalisations judicieuses, contextuelles, toujours optimistes et avant-gardistes. Optimistes car depuis longtemps et bien avant les dernières recommandations normatives de la profession, l’agence a expérimenté l’utilisation du bois, l’aération naturelle, la générosité des espaces extérieurs et continue de faire tout son possible pour croiser créativité et fonctionnalité. Car avant tout, le rôle de l’architecte, selon les associés de l’agence, est de créer. Une constante qui guide les différentes opérations livrées, en cours ou à venir. Citons quelques exemples divers de programmes variés que l’agence archi 5 a eu la chance de créer.
Pôle culturel de Garges-lès-Gonesse © Think Utopia
Pôle culturel de Garges-lès-Gonesse © Sergio Grazia
Pôle culturel de Garges-lès-Gonesse
Dans le but d’enrichir son offre d’équipements publics, la ville de Garges-lès-Gonesse a décidé de se doter d’un nouveau pôle culturel promouvant l’image d’une ville jeune et dynamique. Le programme est vaste. Il comprend la construction d’un pôle culturel doté d’une médiathèque, d’un cinéma, d’un auditorium ainsi que d’un conservatoire en complément de l’Espace Lino Ventura, déjà sur place et réalisé par C. et D. Dryjski en 1995. Si l’ouvrage, à plusieurs ramifications, renvoie une image de monumentalité, les intérieurs sont à échelle humaine, perfectionnés et conçus avec une grande habileté. L’ensemble, qui regroupe les différentes disciplines, vient adopter la parcelle tout en composant avec le paysage alentour. A chaque entité programmatique, ses lignes distinctives, sa structure propre mais aussi son accès indépendant tout en s’ouvrant vers le hall principal. Ce dernier sert de catalyseur mais aussi d’espace d’information et d’exposition. S’organisant autour de l’espace Lino Ventura qui s’enveloppe, à l’occasion, dans la même vêture cuivrée que le reste, le projet d’archi 5 se distingue par sa grande luminosité ainsi que la générosité des espaces abrités. Finalement, soulignons que l’utilisation du cuivre naturel comme revêtement a été privilégié pour ses diverses qualités. Il s’agit d’un matériau traditionnel, pérenne, durable et facilement mis en œuvre mais aussi entièrement recyclable et réutilisable. Bref, le pôle culturel de Garges-lès-Gonesse condense plusieurs atouts mis au service de ses usagers.
Logements « Jaurès Petit » © Sergio Grazia
Logements « Jaurès Petit » © Sergio Grazia
Logements « Jaurès Petit » à Paris
A Paris, l’agence archi 5, mandataire, a mené, avec Encore Heureux architectes, les études d’un projet remarquable jusqu’à l’avant-projet définitif (APD). Ensuite, cette dernière a réalisé des logements en accession dans la structure béton conservée, tandis que l’agence archi 5 a mené à bien des logements sociaux en structure bois. Il s’agissait d’une mission délicate qui consiste à redéfinir les priorités, étudier les coûts de la démolition. Le tout en s’inscrivant dans une démarche durable : doter la ville d’une structure neuve en ossature bois adaptée aux cahiers de charges de Paris Habitat.
Le projet se développe autour de plusieurs jardins spontanés qui se concentrent au cœur de la parcelle et apportent une note végétale, où quelques arbres aux légers feuillages occupent l’espace. Un travail fin de paysage qui vient compléter le concept architectural vigoureux et pérenne.
© Octav Tirziu
© Octav Tirziu
"Cité des Sciences et de la Nature"
Dans le cadre de sa démarche La Rochelle zéro carbone, la ville de La Rochelle souhaitait se doter d’une cité éducative exemplaire tournée vers la nature. Elle a choisi, suite à un concours en 2019, archi 5 pour réaliser une cité éducative bas carbone et « low tech » issue de la réhabilitation de l’école Lavoisier. En gardant une partie de la structure de l’école, les architectes ont engendré un ensemble subtil qui s’éloigne des standards éducatifs actuels. Il participe également activement, à travers un programme riche et varié, à la valorisation de la biodiversité des abords. Situé au cœur des marais protégés du Tasdon, le projet qui jongle avec habileté entre conservation et innovation, fait de la nature un support pédagogique à part entière. Pour favoriser le contact avec l’écosystème des marais, les berges sont reprofilées et un ponton a été créé pour permettre aux enfants de s’approprier le lieu en toute sécurité. De même, un bras d’eau, imaginé en noue paysagère, a été pensé dans le but d’envelopper la cour. Un processus qui aide à créer une limite naturelle entre le périmètre de l’école et l’espace public. Une multitude d’intentions qui font de ce projet un équipement d’exception.
Médiathèque communautaire de Sainte-Geneviève-des-Bois © Think Utopia
Médiathèque communautaire de Sainte-Geneviève-des-Bois © Sergio Grazia
Médiathèque communautaire de Sainte-Geneviève-des-Bois
Deux agences d’architecture, archi 5 et CALMM architecture, ont créé ensemble à Sainte-Geneviève-des-Bois, une médiathèque communautaire qui met en lumière tout un quartier. En effet, l’ensemble, à l’enveloppe cuivrée, aux traits épurés et à l’intérieur généreux, participe au projet de rénovation urbaine du quartier des Aunettes. Il offre aux divers usagers un équipement culturel aux multiples qualités, identifiable parmi tous. En s’appuyant sur le patrimoine végétal des espace publics, cette nouvelle entité, contrastant avec les constructions voisines, se pose avec délicatesse entre les arbres et invite à la contemplation de la nature.
Groupe scolaire « Aretha Franklin » © Arte Factory
Groupe scolaire « Aretha Franklin » © Arte Factory
Groupe scolaire « Aretha Franklin » à Saint-Ouen
Porté par les fortes ambitions écologiques et aussi les recommandations du Village Olympique en matière d’urbanisme, d’architecture et d’environnement, le groupe scolaire « Aretha Franklin » se mue en un établissement scolaire vertueux. En effet, la ville de Saint-Ouen souhaitait se doter d’un nouveau groupe scolaire. La Solideo, maître d’ouvrage de la ZAC du Village Olympique et Paralympique, a mandaté archi 5 pour réaliser ce projet ambitieux. Elément structurant de l’héritage des JO, l’ensemble est situé sur une parcelle exigüe de 5 000m² de surface mais stratégique. Se trouvant entre le Village Olympique et le vieux Saint-Ouen, le bâtiment se caractérise par ses deux façades. Tandis que l’une se pare d’un bardage vertical en mélèze reposant sur un socle en béton, l’autre, en bois légère et aérée, donne sur le cœur du vieux Saint-Ouen. L’ensemble, raisonné pour pouvoir assurer le maintien de la faune et de la flore tout en offrant un support pédagogique aux enfants, affiche des performances environnementales exemplaires.
Les architectes d’archi 5 ne connaissent pas la monotonie. Dès la création de leur agence et à l’inverse de certains de leurs confrères, ils ont eu la chance de réaliser des projets aux programmes multiples, situés en région parisienne, et aussi ailleurs. Une diversité de projets sont aussi en cours et à venir. Après vingt ans d’existence, l’imagination est au beau fixe, la curiosité ne cesse de s’amplifier et la raison d’être de l’agence c’est l’émotion architecturale.