François Malburet et Ronan Fournier le Ray sont à la tête d’une agence qui réalise une architecture sobre, ancrée dans son environnement, à la fois fonctionnelle et vertueuse. L’architecture de l’agence MFR se nourrit des échanges avec l’ensemble des protagonistes d’un projet et porte une attention particulière aux différents détails techniques qu’ils soient structurels ou esthétiques.
Par Sipane Hoh
© Philippe Garcia
Une conviction qui a été mise en œuvre
Depuis plusieurs années, le duo explore dans ses réalisations un sujet qui lui tient à cœur, le « logement augmenté », où la notion de propriété ne se limite pas au périmètre de son appartement. Il s’agit de créer des logements qui tirent les lignes des standards de l’habitat. Depuis les espaces collectifs jusqu’aux privatifs, du commun à l’intime, chaque parcours et chaque espace de vie participent au bien-être des habitants. Dehors, cette démarche consiste avant tout à offrir des espaces de rencontres amplifiés comme des terrasses de convivialité, des potagers partagés, des espaces d’activités, autant de lieux pour vivre et construire ensemble. Dedans, il s’agit de faire mieux que la norme en changeant le regard de l’habitant sur le logement formaté et sa capacité à s’approprier son lieu de vie en engendrant des logements évolutifs, des volumes atypiques, des loggia-salon.
« L’architecte a la responsabilité de dessiner l’habitat dans lequel d’autres vont vivre. » souligne Ronan Fournier le Ray en parlant de sa profession avant d’ajouter que cette mission doit être empreinte de générosité et d’humanité. En effet, dans la plupart des logements réalisés par l’agence nous retrouvons un même fil conducteur : une écriture architecturale dédiée avant tout au bien-être des habitants. Considérant l’extérieur comme un espace vital et non un luxe, les architectes tentent, dans tous les programmes,n de travailler autant le dehors que le dedans. « C’est un acte de bon sens qui implique souvent un geste frugal sans affecter l’équilibre économique du projet. Un manifeste pour sortir de cette standardisation » qui tend progressivement à réduire l’espace de vie. En effet, plusieurs sondages récents dont l’étude menée par l’institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL) pointent une baisse de la qualité et de la surface des logements neufs, laissant une très maigre marge de manœuvre à l’architecte pour être à la hauteur des enjeux d’aujourd’hui. « Cette mission est nécessairement collective » selon François Malburet, « et implique l’engagement de tous les acteurs comme les collectivités, les aménageurs, les urbanistes et les maîtres d’ouvrages. »
Le logement augmenté n’est pas seulement une belle idée restée sur le papier, mais une conviction qui a été mise en œuvre à travers de nombreux projets résidentiels.
Quelques exemples d’application
© Philippe Garcia
© Axel Dahl
Parmi les réalisations de l’agence, nous pouvons citer un ensemble de 105 logements en accession et 3 commerces, réalisés sur la ZAC du Chandon République à Gennevilliers où les architectes ont proposé un grand potager commun sur les toits. Une idée qui a immédiatement fédéré tous les acteurs du projet et a trouvé, une fois réalisée, une grande approbation des résidents. Ces derniers peuvent ainsi se retrouver dans un espace végétalisé qui leur est dédié, à la fois ouvert et à l’abri de la rue tout en offrant une vue panoramique sur les environs. Notons, par ailleurs, que chacune des habitations jouit de sa propre terrasse attenante ou sur le toit, la terrasse collective n’étant qu’un supplément au programme demandé.
© Julien Thomazo
© Julien Thomazo
Citons également les logements situés dans l’Eco-quartier de la Cartoucherie, à Toulouse. Un programme dense constitué de 77 logements (54 en accession et 23 logements sociaux) qui prend place majestueusement au-dessus de l’Ecole de Condé de design et arts graphiques. L’édifice se pose en figure de proue et acte l’entrée sud de la ZAC. L’ouverture généreuse des bureaux vers la place offre l’animation souhaitée par les architectes sur l’espace public. Tous les logements répondent favorablement au concept du logement augmenté, que ce soit par leur taille et leur espaces extérieurs. Ce principe est appliqué autant aux logements sociaux qu’aux logements en accession, tous implantés sans distinction de palier.
© Juan Cardona
© Juan Cardona
De même, dans la ZAC Baud-Chardonnet à Rennes, l’agence MFR architectes a réalisé, en collaboration avec LINE UP architectes, un projet séduisant où la notion de logement augmenté s’exprime littéralement en façade. En plus d’un nombre important de logements atypiques (simplex avec double hauteur intérieur/extérieur, loggia-salon, duplex…), le programme inclut une grande terrasse de convivialité, un potager partagé sur le toit et une salle de sport.
Pour MFR architectes, le concept du logement augmenté apporte humanité et résilience. Une idée qui devrait, selon eux, guider chaque projet.